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LES IVOIRES DIEPPOIS

Les ivoires sculptés Dieppois

Les ivoires sculptés Dieppois constituent un pan méconnu de l’artisanat normand sous l’Ancien Régime. Pourtant, dès le XVIIe siècle, Dieppe était réputée en Europe pour ses ateliers d’ivoirerie et la qualité de ses pièces d’art religieux en ivoire.

Les sculpteurs Dieppois exploitaient l’important trafic maritime de la ville pour se procurer des défenses d’éléphant et de l’ivoire de morse importés d’Afrique ou d’Amérique du Nord. Matière noble et prestige, l’ivoireétait travaillé avec virtuosité pour orner des statuettes, des crucifix, des bénitiers et chapelets finement ouvragés.

Marins et armateurs commandaient également des œuvres uniques sculptées sur ivoire pour orner leurs demeures. Bas-reliefs, vierges à l’enfant et sujets profanes témoignent aujourd’hui de l’inventivité des ivoiries dieppoises à l’apogée des expéditions maritimes normandes.

Redécouvrez sur cette page web les caractéristiques du travail de l’ivoire Dieppois et les pièces typiques réalisées par les maîtres-sculpteurs de cette ville portuaire, fameuse pour son art de la miniature.

Ivoires dieppois JEHAN ANGO

.Ce richissime armateur a conquis le Nouveau Monde ; avec ses bateaux, il colonisa le Brésil et le Canada, les côtes d'Afrique et Sumatra. Jean Fleury, le plus fameux de ses capitaines, rapporta à Dieppe une partie du trésor aztèque pris aux Espagnols.

DIEPPE  et l’ivoire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dieppe était à l'époque le plus grand port de France. Un port de conquêtes et de commerce, mais qui s'est refusé à celui des esclaves et qui a bâti sa fortune sur celui de la guerre, des épices et de l'ivoire dieppois . "Nous ne faisons pas commerce des hommes parce que nous sommes des Vikings", y proclamait-on. L'histoire de l'ivoire est étroitement mêlée à celle de Dieppe. En 1669, dans son ouvrage "Relation des côtes d'Afrique", l'historien Villaut de Bellefond raconte que "les Dieppois auraient abordé la Guinée au XIVe siècle pour en rapporter de l'ivoire", (couleur ivoire), mais ce ne serait que légende. Voiliers, cadrans solaires, médaillons, boîtes, étuis à messages, à flacons, peignes et objets de toilette, sifflets, tabatières et râpes à tabac, sans oublier les nombreux objets de culte, témoignent de l'usage de l'ivoire au travers du temps. Pratique, esthétique, artistique, religieux...

Dieppe a connu un âge d’or de l’art de l’ivoire du XVIIe au XIXe siècle. Les artisans dieppois ont su exploiter les qualités de cette matière noble et rare pour créer des objets variés et raffinés : statuettes, boîtes, éventails, échiquiers, instruments de musique, etc. Leur savoir-faire était reconnu dans toute l’Europe et même au-delà. Le musée de Dieppe conserve une collection exceptionnelle d’œuvres en ivoire qui témoigne de la richesse et de la diversité de cette production locale.

Les défenses d’éléphant provenaient principalement d’Afrique de l’Ouest, où les navires dieppois échangeaient des marchandises contre des produits exotiques. Ces échanges ont favorisé les contacts culturels entre les continents et ont influencé les motifs et les styles des ivoiriers dieppois. Certains ont représenté des scènes de la vie africaine ou des personnages exotiques, tandis que d’autres ont adopté des formes inspirées de l’art oriental.

La défense d’éléphant dans l’image est un symbole de force et de sagesse. Elle est magnifiquement courbée et finement détaillée, illustrant la beauté naturelle de l’éléphant.Conformément à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) le commerce d ivoire brut est interdit.

L ivoire et les autres matières

L'ivoire d'éléphant n'est pas le seul travaillé. "Il est le plus volumineux, la défense étant pleine sur un tiers de sa longueur, donc le plus aisé à travailler." L'ivoirier travaille également celui du morse, de l'hippopotame. Et d'autres encore, plus fascinants, vieux de plusieurs millénaires, comme celui du mammouth, conservé par le froid et que l'on trouve en Sibérie ou Alaska. Ou encore les dents de dinosaures, dont l'ivoire prend des teintes différentes selon l'univers de fossilisation…
L’ivoire est une matière noble et précieuse qui a traversé les siècles et les cultures. Il a inspiré les artistes africains et fasciné les Occidentaux. Il a été utilisé pour la conception de masques, de mobilier ou d’objets rituels en Afrique. Les Occidentaux ont été fascinés par la matière et de nombreux olifants ont été fabriqués par des artistes africains pour être exportés vers l’Europe.
L’ivoire a également été utilisé dans le monde islamique depuis l’Antiquité. Il a fait l’objet d’un commerce important dans le bassin Méditerranéen et était très prisé pour la création d’objets de grand luxe destinés aux souverains et à leur entourage. L’ivoire était souvent associé à des objets de pouvoir, comme des sceptres, des coffrets ou des échiquiers. Il était également employé pour la décoration de monuments religieux ou civils, comme des mosquées, des palais ou des fontaines.
L’ivoire a ainsi témoigné de la richesse et de la diversité des civilisations qui l’ont utilisé. Il a révélé le talent et la créativité des artistes qui l’ont sculpté. Il a reflété les échanges et les influences entre l’Afrique, l’Europe et le monde islamique. Il a enfin suscité l’admiration et le respect de ceux qui l’ont contemplé.
 

L’ivoire au XII siècle.

L'ivoirerie gothique est un art qui a connu un grand essor en France, notamment à Paris, où de nombreux ateliers ont produit des reliefs et des statuettes en ivoire représentant des scènes religieuses ou profanes. Ces œuvres témoignent de la richesse et de la diversité de la culture médiévale, ainsi que du raffinement et de la virtuosité des sculpteurs sur ivoire.

L'ivoirerie gothique française s'inspire souvent de modèles issus de la sculpture monumentale, de la peinture, de la miniature ou de la gravure sur cuivre. Elle reprend les thèmes de la vie du Christ, de la Vierge, des saints, mais aussi de la littérature courtoise, des fables, des romans antiques ou des allégories. Parmi les types d'objets les plus courants, on trouve les diptyques et les triptyques, qui sont des petits autels portatifs, les valves de miroirs, qui sont des boîtes ornées de scènes galantes ou chevaleresques, les coffrets, qui servent à ranger des objets précieux, et les statuettes, qui sont souvent des Vierges à l'Enfant ou des saints patrons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


L'ivoirerie gothique française se caractérise par une grande finesse d'exécution et une recherche du mouvement et de l'expression. Les drapés sont souples et élégants, les visages sont expressifs et individualisés, les gestes sont gracieux et harmonieux. Les sculpteurs sur ivoire utilisent aussi les effets de relief et de perspective pour créer une impression de profondeur et de réalisme. Ils jouent également avec les contrastes entre la couleur blanche et brillante de l'ivoire et les incrustations de couleur ou d'or qui rehaussent certains détails.

L'ivoirerie gothique française a exercé une grande influence sur les autres pays européens, notamment l'Angleterre, l'Allemagne et les Pays-Bas. Elle a également été appréciée par les collectionneurs et les amateurs d'art à travers les siècles. Aujourd'hui encore, l'ivoirerie suscite l'admiration et l'intérêt des historiens de l'art et du public.

 

Magnifique diptyque gothique en ivoire illustré dans l’image. Ce chef-d’œuvre historique est un exemple parfait de l’art gothique, avec ses détails complexes et sa symbolique profonde. Le diptyque gothique est un élément essentiel de l’histoire de l’art, représentant une période où l’art et la religion étaient intimement liés. Chaque panneau du diptyque raconte une histoire, capturant l’essence de l’époque gothique. Parfait pour les amateurs d’art, les historiens et ceux qui apprécient la beauté de l’art gothique

Evolution du XVII AU XX siècle

La révocation de l'Edit de Nantes en 1685 et sa vague d'expatriations, puis l'incendie de 1694 marquèrent deux temps d'arrêt majeurs dans l'histoire de l'ivoire à Dieppe.

Mais, au XVIIIe siècle, quand les navires de la Compagnie du Sénégal faisaient escale en Guinée et rapportaient l'or, le poivre et l'ivoire d'éléphant, la ville comptait 12 maîtres ivoiriers et 250 ouvriers.

Les "bains de mer", au tournant du XXe siècle, marquèrent la dernière vogue de l'ivoire. C'est à cette époque que les Graillon, père et fils, Pierre-Adrien, Pierre Félix, tous trois artistes, devinrent les plus grandes signatures des "ivoiriers dieppois". Pierre surtout, qui était également modeleur et sculpteur sur pierre, sur bois et terre cuite. Le métier s'est arrêté avec la guerre de 14. (cote d ivoire)

 

Puis, avec l'arrêté du 28 mai 1997 qui soumet à autorisation (avec effet rétroactif au 26 février 1976) la détention et l'utilisation de l'ivoire d'éléphant par les fabricants ou les restaurateurs (NOR : ENVN 97 60134 A). Et enfin celui de Madame Ségolène Royal avec l'arrêté du 16 août 2016 sur l’ivoire des éléphants et corne de rhinocéros. Les procédures sont plus que lourdes et compliquées. Les pièces doivent avoir des permis CITES ou DIREN (Direction de l'Environnement). Le métier tend à disparaître. Moins de graveurs, moins de matière...

CITES  Réglement européen

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) est un accord international qui vise à protéger les espèces sauvages menacées ou vulnérables face à la surexploitation commerciale. Elle a été adoptée en 1973 et est entrée en vigueur en 1975. Aujourd’hui, elle compte 183 Parties qui s’engagent à respecter ses règles et à coopérer pour sa mise en œuvre.

 

L’un des principaux mécanismes de la CITES est le système des permis et des certificats qui régule le commerce des spécimens d’espèces inscrites dans ses annexes. Les annexes sont des listes d’espèces qui bénéficient de différents niveaux de protection selon leur statut de conservation et l’impact du commerce sur leur survie. L’annexe I regroupe les espèces les plus menacées, dont le commerce est interdit sauf dans des cas exceptionnels. L’annexe II regroupe les espèces qui ne sont pas nécessairement menacées actuellement, mais qui pourraient le devenir si leur commerce n’est pas contrôlé. L’annexe III regroupe les espèces qui font l’objet d’une réglementation nationale dans au moins un pays et qui demandent la coopération des autres Parties pour prévenir leur exploitation illégale.

 

Parmi les espèces inscrites à l’annexe I de la CITES, on trouve les éléphants d’Afrique et d’Asie, dont l’ivoire est très convoité sur le marché international. Malgré l’interdiction du commerce international de l’ivoire depuis 1989, le braconnage des éléphants continue à être un problème majeur qui menace leur survie. Pour faire face à cette situation, la CITES a mis en place des plans d’action nationaux CITES pour l’ivoire (PANI) qui visent à renforcer les capacités des Parties concernées à gérer leurs stocks d’ivoire, à surveiller leurs marchés intérieurs et à lutter contre le trafic illicite.

 

Les PANI sont élaborés par les Parties elles-mêmes en fonction de leurs besoins spécifiques et de leurs priorités nationales. Ils comprennent des objectifs clairs, des indicateurs de performance, des échéances et des responsables de la mise en œuvre. Ils sont soumis au Secrétariat de la CITES pour examen et approbation. Les Parties doivent ensuite rendre compte régulièrement de leurs progrès et de leurs difficultés dans la réalisation de leurs PANI.

Les PANI sont un outil efficace et flexible pour aider les Parties à remplir leurs obligations au titre de la CITES et à contribuer à la conservation des éléphants et de leur habitat. Ils sont également un moyen de renforcer la coopération régionale et internationale entre les Parties, les organisations intergouvernementales, les organisations non gouvernementales et le secteur privé dans la lutte contre le commerce illégal de l’ivoire.

L’Union européenne a renforcé sa législation sur le commerce de l’ivoire afin de protéger les éléphants menacés d’extinction par le braconnage et la demande croissante d’ivoire sur les marchés internationaux. Depuis le 19 janvier 2022, seuls les objets en ivoire travaillé datant d’avant 1947 peuvent être vendus au sein de l’Union, et à condition d’obtenir un certificat attestant de leur ancienneté et de leur origine. Cette mesure vise à empêcher que l’ivoire récent, issu du braconnage illégal, ne soit introduit dans le commerce légal sous couvert d’antiquités. L’Union européenne espère ainsi contribuer à la lutte mondiale contre le trafic d’ivoire, qui met en péril la survie des éléphants et alimente des réseaux criminels impliqués dans d’autres activités illicites.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conclusion :

Les ivoires sculptés Dieppois représentent un pan méconnu de l'artisanat normand sous l'Ancien Régime. Les sculpteurs Dieppois exploitaient l'important trafic maritime de la ville pour se procurer des défenses d'éléphant et de l'ivoire de morse importés d'Afrique ou d'Amérique du Nord. L'ivoire était travaillé avec virtuosité pour orner des statuettes, des crucifix, des bénitiers et chapelets finement ouvragés.

Dieppe a connu un âge d'or de l'art de l'ivoire du XVIIe au XIXe siècle, où les artisans dieppois ont su exploiter les qualités de cette matière noble et rare pour créer des objets variés et raffinés. Le musée de Dieppe conserve une collection exceptionnelle d'œuvres en ivoire qui témoigne de la richesse et de la diversité de cette production locale.

Cependant, la révocation de l'Edit de Nantes en 1685 et l'incendie de 1694 ont marqué deux temps d'arrêt majeurs dans l'histoire de l'ivoire à Dieppe. Aujourd'hui, l'ivoire est soumis à une réglementation stricte, avec l'arrêté du 28 mai 1997 qui soumet à autorisation la détention et l'utilisation de l'ivoire d'éléphant par les fabricants ou les restaurateurs, et l'arrêté du 16 août 2016 sur l'ivoire des éléphants et corne de rhinocéros. Les procédures sont lourdes et compliquées, ce qui a tendance à faire disparaître le métier d'ivoirier.

Les mots clés les plus recherchés depuis janvier 2024, tels que "ivoires sculptés Dieppois", "artisanat normand", "Ancien Régime", "matière noble", "pièces d'art religieux en ivoire", "ivoiriers dieppois", "âge d'or de l'art de l'ivoire", "musée de Dieppe", "réglementation de l'ivoire", "disparition du métier d'ivoirier", témoignent de l'intérêt continu pour cet art et de la nécessité de le préserver tout en respectant les réglementations en vigueur.

https://www.dieppe.fr/mini-sites/musee-de-dieppe

Auteur : Claude VILARS expert en Arts

 

 

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couvrant la période du XII au XX siècle.

Vierges à l’enfant en ivoire. L’image illustre une sculpture délicate et finement détaillée, représentant la Vierge Marie tenant l’Enfant Jésus. Cette Vierge à l’enfant en ivoire est un exemple remarquable de l’art religieux, capturant l’essence de la dévotion et de l’amour maternel. La qualité de la sculpture est exceptionnelle. Les traits du visage de la Vierge et de l’Enfant sont délicatement sculptés, donnant vie à la pièce. Les détails de la robe de la Vierge, les plis du tissu et les motifs complexes sont un témoignage du talent et de la maîtrise de l’artiste. C VILARS EXPERT
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