JEHAN ANGO (1480-1551)
Ce richissime armateur a conquis le Nouveau Monde ; avec ses bateaux, il colonisa le Brésil et le Canada, les côtes d'Afrique et Sumatra. Jean Fleury, le plus fameux de ses capitaines, rapporta à Dieppe une partie du trésor aztèque pris aux Espagnols. Dieppe était à l'époque le plus grand port de France. Un port de conquêtes et de commerce, mais qui s'est refusé à celui des esclaves et qui a bâti sa fortune sur celui de la guerre, des épices et de l'ivoire. "Nous ne faisons pas commerce des hommes parce que nous sommes des Vikings", y proclamait-on.
L'histoire de l'ivoire est étroitement mêlée à celle de Dieppe. En 1669, dans son ouvrage "Relation des côtes d'Afrique", l'historien Villaut de Bellefond raconte que "les Dieppois auraient abordé la Guinée au XIVe siècle pour en rapporter de l'ivoire", mais ce ne serait que légende. Voiliers, cadrans solaires, médaillons, boîtes, étuis à messages, à flacons, peignes et objets de toilette, sifflets, tabatières et râpes à tabac, sans oublier les nombreux objets de culte, témoignent de l'usage de l'ivoire au travers du temps. Pratique, esthétique, artistique, religieux...
La révocation de l'Edit de Nantes en 1685 et sa vague d'expatriations, puis l'incendie de 1694 marquèrent deux temps d'arrêt majeurs dans l'histoire de l'ivoire à Dieppe. Mais, au XVIIIe siècle, quand les navires de la Compagnie du Sénégal faisaient escale en Guinée et rapportaient l'or, le poivre et l'ivoire d'éléphant, la ville comptait 12 maîtres ivoiriers et 250 ouvriers.
Les "bains de mer", au tournant du XXe siècle, marquèrent la dernière vogue de l'ivoire. C'est à cette époque que les Graillon, père et fils, Pierre-Adrien, Pierre Félix, tous trois artistes, devinrent les plus grandes signatures des "ivoiriers dieppois". Pierre surtout, qui était également modeleur et sculpteur sur pierre, sur bois et terre cuite. Le métier s'est arrêté avec la guerre de 14.
Puis, avec l'arrêté du 28 mai 1997 qui soumet à autorisation (avec effet rétroactif au 26 février 1976) la détention et l'utilisation de l'ivoire d'éléphant par les fabricants ou les restaurateurs (NOR : ENVN 97 60134 A). Et enfin celui de Madame Ségolène Royal avec l'arrêté du 16 août 2016 sur l’ivoire des éléphants et la corne de rhinocéros. Les procédures sont plus que lourdes et compliquées. Les pièces doivent avoir des permis CITES ou DIREN (Direction de l'Environnement). Le métier tend à disparaître. Moins de graveurs, moins de matériaux…
L'ivoire d'éléphant n'est pas le seul travaillé. "Il est le plus volumineux, la défense étant pleine sur un tiers de sa longueur, donc le plus aisé à travailler." L'ivoirier travaille également celui du morse, de l'hippopotame. Et d'autres encore, plus fascinants, vieux de plusieurs millénaires, comme celui du mammouth, conservé par le froid et que l'on trouve en Sibérie ou Alaska. Ou encore les dents de dinosaures, dont l'ivoire prend des teintes différentes selon l'univers de fossilisation…
Comment reconnaître un véritable ivoire dieppois ?
Les ivoires dieppois sont des sculptures très prisées des collectionneurs. Mais comment différencier un vrai ivoire dieppois d'une copie ou d'un faux ? Voici quelques clés pour vous aider à authentifier une pièce.
Tout d'abord, observez attentivement la matière. L'ivoire véritable a une teinte légèrement jaune et un grain fins. Le faux ivoire a souvent un ton plus blanc et un grain plus grossier.
Ensuite, examinez le travail de sculpture. Les vrais ivoires dieppois présentent des détails très fins et une grande finesse d'exécution. Les faux ont généralement des formes plus grossières.
Recherchez également des traces de signature ou de marquage d'origine à la base ou à l'arrière de la sculpture. Cela peut aider à authentifier la provenance.
Enfin, le poids constitue un bon indicateur. Un ivoire ancien est relativement lourd. Si la sculpture vous semble très légère, méfiez-vous.
En combinant toutes ces vérifications, vous pourrez déterminer si vous avez affaire à un vrai ivoire dieppois ou à une copie. N'hésitez pas à faire expertiser votre pièce en cas de doute !
Comment dater un ivoire ancien
Pour estimer la date d'un ivoire dieppois, observez le style et le thème de la sculpture. Analysez aussi les marques ou signatures qui peuvent fournir des indications. Enfin, le type d'ivoire utilisé peut aider : on trouve plutôt du morse avant 1720, puis de l'éléphant ensuite. Un expert peut affiner la datation grâce à des analyses plus poussées.
Pour parfaire vos connaissances sur l'ivoire, deux musées :
Celui de la ville d'YVETOT :
Le second celui de DIEPPE :
Ensuite vous serez incollable sur le sujet.
Dieppe est une place forte de la sculpture sur ivoire en France. Cet artisanat existe depuis le Moyen-Âge et a connu son apogée aux 17ème et 18ème siècles grâce au commerce avec l'Afrique et les Indes. Les ivoiriers dieppois sculptaient des objets religieux, des coques de navires miniatures ou encore des tabatières richement décorées. Aujourd'hui, certains sculpteurs perpétuent cette tradition.
La page sur les ivoires présente cet artisanat d'art pratiqué en Normandie depuis le Moyen Âge. Dieppe notamment était réputée pour sa sculpture sur ivoire utilisée pour des objets religieux, des coques de navires miniatures ou des tabatières. Aujourd'hui, des sculpteurs et tourneurs sur ivoire perpétuent ce savoir-faire ancestral.
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