
Claude VILARS CONFÉRENCIER -EXPERT EN ARTS
vilarsclaude@gmail.com 06 08 60 36 65
Poteries du Pré d'Auge :
Histoire et Merveilles de la Céramique Normande

Les poteries du Pré d'Auge représentent un pan fascinant de l'histoire de la céramique normande. Situées dans la région augeronne, ces productions artisanales ont marqué les époques par leur richesse et leur diversité. En tant qu'expert en art et créateur des Cours d’initiation au patrimoine du XII au XX siècle, je vous invite à explorer ce trésor culturel à travers un voyage captivant dans le temps.
L'Histoire des Poteries du Pré d'Auge
Les Origines et l'Influence Artistique
Les poteries du Pré d'Auge trouvent leurs racines dans une activité artistique et artisanale florissante en Normandie, influencée par les courants des Flandres et de l'Italie. Lisieux, en particulier, a joué un rôle crucial dans cette effervescence créative, notamment grâce à des événements historiques comme le siège de Lisieux, qui a introduit des éléments bellifontains et parisiens dans la région.
L'un des aspects les plus marquants de cette période est la polychromie, qui a enrichi les monuments de la région avec des motifs géométriques et des couleurs vives. Les tuiles et briques vernissées, ainsi que les épis de faîtage et les pavés émaillés, ont ajouté une touche colorée et élégante aux constructions locales.

Les Premiers Carreaux Faïencés
Dès le 16e siècle, les créations du Rouennais Masséot Abaquesne ont popularisé les pavés faïencés en Normandie. Cependant, c'est au Pays d'Auge, vers le milieu du 17e siècle, que les premiers carreaux faïencés véritablement originaux et emblématiques ont vu le jour. Ces carreaux, fabriqués par des artisans locaux, ont rapidement acquis une grande renommée.
Les poteries du Pré d'Auge et de Manerbe ont pris une place importante dans la production céramique bas-normande dès le 14e siècle. Les ateliers de la région produisaient des milliers de pavés émaillés, ornés de décors estampés et remplis d'un engobe blanc.
Les Techniques et les Artistes
L'Innovation de Joachim Vattier
Au milieu du 17e siècle, Joachim Vattier a révolutionné la fabrication des pavés faïencés en introduisant une technique plus élaborée.
Les pavés étaient d'abord recouverts d'un engobe, puis cuits une première fois avant de recevoir leurs couleurs.
La juxtaposition des émaux créait une mosaïque inspirée de l'art hispano-mauresque.
Les couleurs dominantes de ces pavés étaient le bleu tendre, le bleu soutenu, le violet, le jaune, le vert et le marron, se détachant sur un fond blanc. Les décors variés offraient des combinaisons géométriques, des entrelacs et des compositions complétées par des bordures et des angles.
La Marque de Qualité
Certains pavés portaient une marque estampée, souvent une croix à quatre feuilles, qui était la signature de Joachim Vattier pour ses œuvres de choix. La popularité de ses carreaux faïencés a dépassé les frontières régionales, atteignant même Versailles où ils ont été utilisés pour décorer le Trianon de porcelaine, un édifice construit sur ordre de Louis XIV.
Les Épis de Faîtage et la Céramique Utilitaire

Les Épis de Faîtage
Les épis de faîtage sont l'un des fleurons de l'activité des potiers du Pré d'Auge. Ils ornaient les toitures des châteaux normands et des églises, et leur production a débuté dès la fin du 16e siècle.
Ces épis se caractérisent par leur aspect légèrement opaque et leurs figures en ronde-bosse obtenues par moulage.
Les crêtes d'anges, inspirées de l'art funéraire, contribuaient à l'élégance des formes gracieusement stylisées. Le répertoire décoratif s'enrichissait également de fruits, de fleurs, de guirlandes et de têtes de lion.
La Céramique Utilitaire
En plus des épis de faîtage, les potiers du Pré d'Auge fabriquaient des fontaines, témoins de la richesse de l'art populaire local.
Les modèles reposaient sur une base tronconique et comportaient souvent des anses superposées, signées et datées, témoignant d'une exécution très soignée.
La céramique utilitaire mettait en avant des formes courantes comme des pots, des cruches, des bouillottes, des gobelets, des marmites à pomme de terre, des bassinoires, ainsi que des pièces plus sympathiques comme les canards de malade, les terrines à pâté et les lampes à huile.

Les Suites de Palissy
L'Influence de Marin Bourgeois
Douze mille carreaux "de Lisieux" ont été livrés au Château de Marly. Ces carreaux, inspirés de l'esprit de Fontainebleau et de l'art de la Renaissance, posent la question de leur production à Lisieux.
Une des raisons pourrait être l'influence de Marin Bourgeois, né à Lisieux vers 1550 et décédé en 1634, qui était peintre et valet de chambre du roi.
Marin Bourgeois, décrit par son contemporain Rivaud de Florence comme un homme polyvalent, collaborait avec d'autres peintres et musiciens. Il est probable qu'il ait été l'inventeur de la peinture sur émail, ce qui expliquerait la présence de ces carreaux à Lisieux.

La Continuité de la Tradition

Lisieux n'a pas seulement été un centre de production, mais aussi un lieu de rencontre où l'on pouvait échanger des idées et des techniques avec d'autres artisans.
Le travail de Bernard Palissy, avec toute sa complexité et son intérêt pour le monde, est le reflet de cette époque et de la richesse de l'artisanat de Lisieux.
Synthèse
Ce texte n'offre qu'un aperçu de l'histoire riche et fascinante des poteries du Pré d'Auge. Pour en savoir plus, je vous invite à découvrir mes Cours d’initiation au patrimoine du XII au XX siècle, où je partage mon expertise en tant qu'expert en art et conférencier professionnel.
Rejoignez-moi pour explorer davantage les trésors du patrimoine normand. Mes cours, dispensés en milieu universitaire et au public non averti, vous offrent une immersion complète dans l'histoire et les techniques des poteries du Pré d'Auge. Ne manquez pas cette opportunité unique de découvrir un pan méconnu de l'art français.