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                   MASSEOT ABAQUESNE :
Faïencier de la Renaissance et Maître de Rouen

alt="Détail du marché d'autel en faïence de la Bâtie d'Urfe, réalisé par Masséot Abaquesne en 1557, œuvre Renaissance normande richement décorée"

Introduction

La faïence française connaît au XVIe siècle une révolution grâce à l’œuvre de Masséot Abaquesne, dont les réalisations prestigieuses marquent durablement le patrimoine artistique normand et national. Faïencier à Rouen, il est considéré comme l’un des pionniers et maîtres incontestés de la Renaissance pour céramique en France, inspirant de nombreux ateliers et héritiers.

Vie et carrière de Masséot Abaquesne

Un destin normand hors du commun

Né vers 1500 dans la région de Cherbourg, Masséot Abaquesne apparaît tout d’abord comme simple « emballeur » au port de Rouen, selon les archives de 1526. Sa trajectoire illustre une remarquable ascension sociale : seize ans plus tard, il livre un pavement exceptionnel au connétable Anne de Montmorency, un des plus puissants personnages du royaume de France.

L’essor de la faïence à Rouen

Directeur et chef d’atelier de la manufacture rouennaise entre 1524 et 1557, Abaquesne favorise le développement de la faïence dans cette cité, alors foyer économique et artistique. 
Dès 1542, il signe les premiers grands ensembles de carreaux et de pavements destinés aux châteaux d’Écouen et de la Bâtie d’Urfé.

Œuvres majeures et techniques utilisées

Pavements prestigieux et pots de pharmacie

Pavements historiés
Masséot Abaquesne est surtout célèbre pour ses pavements monumentaux en faïence, véritable flamboyance artistique du XVIe siècle. 

Parmi ses chefs-d’œuvre, le pavement réalisé en 1542 pour la galerie du château d’Écouen, résidence du connétable Anne de Montmorency, symbolise la magnificence de la Renaissance française. Ce pavement se compose de plus de 15 000 carreaux de faïence émaillée, soigneusement décorés d’armoiries, devises et scènes narratives inspirées des modèles italiens et de la culture humaniste de l'époque. Il célèbre autant le prestige du commanditaire que l'excellence technique et le raffinement artistique.

Ces carreaux offraient à la fois une surface décorative luxueuse et un témoignage visuel de pouvoir et d’allégeance politique, avec des motifs qui mêlaient symboles héraldiques et éléments tirés de l’histoire antique ou biblique. L’usage de la faïence stannifère, avec son fond blanc brillant, permettait une finesse et une luminosité dans les couleurs qui étaient alors inégalées, renforçant l’aspect ostentatoire des installations.

Outre Écouen, Abaquesne créa aussi des pavements pour d’autres lieux prestigieux comme la chapelle du château de La Bâtie d’Urfé, avec des compositions élaborées intégrant également des influences italiennes manifestes, celles que le mécène Claude d'Urfé rapporta de ses voyages à Rome.

alt="Faïence polychrome de Masséot Abaquesne illustrant l’histoire biblique de Noé et la construction de l’Arche, œuvre rouennaise du milieu du XVIe siècle"

Pots de pharmacie

alt="Albarello en faïence stannifère de Masséot Abaquesne, pot de pharmacie cylindrique, décoré de visages sculptés vers 1545, atelier de Rouen"

Parallèlement à ces œuvres monumentales, Abaquesne développa une production plus fonctionnelle mais tout autant raffinée avec ses pots de pharmacie. 
Ces objets utilitaires, en céramique émaillée, servaient à contenir diverses substances médicinales dans les apothicaireries et hôpitaux de la région de Rouen. 
Ils se distinguaient par leur décoration soignée, souvent ornée de motifs végétaux, symboles ou inscriptions latines, qui mêlaient utilité pratique et esthétisme recherché.
Les pots d’Abaquesne jouaient un double rôle : être à la fois conservateurs efficaces pour les remèdes, et objets de prestige décoratif dans les officines. Leur fabrication à Rouen témoigne de l’importance de la ville comme centre de production faïencière, et confère à son atelier une stabilité économique grâce à ce marché diversifié.


Cette double facette de son œuvre — pavements somptueux et pots raffinés — illustre la diversité et la vivacité artistique de l’atelier d’Abaquesne, capable à la fois de répondre aux commandes princières et aux besoins quotidiens les plus concrets, tout en imprimant une identité visuelle forte à la faïence normande de la Renaissance. 

Innovation et influences

Masséot Abaquesne inscrit son œuvre dans un riche échange artistique européen, où les influences italiennes se mêlent à des tendances nord-européennes pour créer un style unique et novateur. 

Son travail est largement nourri par la tradition italienne de la majolique, une faïence polychrome née à la fin du XVe siècle avec des origines hispano-mauresques, qui s’est rapidement diffusée dans les centres de production italiens puis à Anvers, grâce aux échanges commerciaux et artistiques intenses du XVIe siècle.

Par ailleurs, Abaquesne s’inspire aussi des productions anversoises, en particulier de l’atelier de Guido Andries, qui fut un point de convergence des arts décoratifs italiens et flamands. Ce contact possible avec des artistes étrangers installés en France ou avec leurs œuvres importées contribue à enrichir le vocabulaire iconographique et les techniques de l’atelier rouennais. 
Cette fusion d’influences transnationales confère aux œuvres d’Abaquesne un caractère à la fois profondément français et inscrit dans un réseau artistique européen.

Enfin, tout en s’appuyant sur ces apports, Abaquesne parvient à développer un style propre. Sa production illustre ainsi une Renaissance française créative qui s’alimente de la tradition tout en innovant techniquement et artistiquement pour répondre aux attentes de son époque et de ses commanditaires.

Monogramme et signature 

Certaines pièces produites par l’atelier de Masséot Abaquesne sont marquées de son monogramme « MAb », un signe distinctif qui assure la qualité et l’authenticité des œuvres. Ce monogramme n’était pas forcément apposé par Masséot Abaquesne lui-même, mais représente plutôt une marque d’atelier, garantissant que les pièces sont issues de son atelier et respectent les standards artistiques et techniques établis.

Le « MAb » est ainsi recherché aujourd’hui par les collectionneurs et les musées, car il permet d’identifier avec certitude les productions originales d’Abaquesne, qui restent rares et précieuses sur le marché de l’art. Ce marqueur est souvent visible sur des objets emblématiques tels que les albarelli (pots de pharmacie), les carreaux de pavement ou les chevrettes (petites cruches), généralement sous l’anse ou sur une partie discrète de la pièce.

Cette signature est un gage de reconnaissance pour les connaisseurs avertis et participe à la renommée durable de la faïence rouennaise du XVIe siècle, dans laquelle Abaquesne joue un rôle prépondérant.

Héritage et postérité

À la mort de Masséot Abaquesne en 1564, c’est son fils Laurent qui reprend les rênes de la manufacture familiale, poursuivant ainsi l’œuvre et l’excellence artistique initiées par son père. Laurent Abaquesne s’inscrit dans la continuité, perpétuant la tradition de la faïence de Rouen qui s’affirme depuis le début du XVIe siècle comme un fleuron de l’art céramique en France.

Sous sa direction, la manufacture ne se limite plus seulement aux grands pavements décoratifs et aux poteries pharmaceutiques. Laurent étend la gamme des productions en diversifiant les formes et les décorations, facilitant la diffusion plus large du savoir-faire rouennais. 
Il assure également la pérennité de l’atelier en maintenant la qualité élevée reconnue depuis Masséot, consolidant ainsi la réputation de la faïence rouennaise dans toute la France.

Cette successions d’artisans issus de la même famille illustre parfaitement la dynamique d’un métier d’art noué à la tradition et à l’innovation, consolidant un patrimoine vivant qui reste visible dans les collections muséales et les sites historiques contemporains.

alt="Chevrette en faïence de Masséot Abaquesne, représentant un portrait d’homme chauve, marquée du monogramme MAb, production rouennaise vers 1545"

Découvrir l’héritage de Masséot Abaquesne avec Claude Vilars

Passionné par l’art normand et son rayonnement, Claude Vilars propose des « Cours d’initiation au Patrimoine du XIIe au XXe Siècle », où l’œuvre de Masséot Abaquesne occupe une place centrale. 


Ces conférences riches en visuels et en anecdotes sont accessibles aux particuliers et aux professionnels désireux de transmettre la richesse du patrimoine français. 


       Pour organiser une intervention ou en savoir plus, contactez Claude Vilars à [vilarsclaude@gmail.com]

       ou par téléphone au 06 08 60 36 65.

Liens internes et externes

- Découvrir d’autres thématiques patrimoniales sur le site de Claude Vilars  https://vilarsclaude.wixsite.com/arts

C VILARS EXPERT EN ART

 

Auteur : Claude VILARS Conferencier Expert en Arts


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du XII au XX siècle.

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alt="Gourde en faïence stannifère armoriée de l’Abbé de Lisieux, réalisée vers 1545 dans l’atelier de Masséot Abaquesne à Rouen"
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