Héritage normand : souvenirs d’enfance et trésors artisanaux de Normandie
- CLAUDE VILARS
- 11 mai
- 3 min de lecture

Héritages et souvenirs d’enfance en Normandie
Il est des après-midis où la lumière caresse les meubles anciens, où l’on sent la mémoire des maisons normandes. Ouvrir un tiroir, toucher le bois d’une armoire de Caen, c’est déjà voyager dans le temps, retrouver la patience des artisans et la vie des familles.
Un dimanche pluvieux, blotti près du feu, j’écoutais mon grand-père raconter comment il avait aidé à transporter une armoire de Bayeux lors d’un déménagement. Il disait que chaque meuble avait son histoire, et qu’en effleurant les sculptures, on pouvait presque entendre les voix du passé.
Le mobilier normand, mémoire vivante
Chaque meuble raconte une histoire. Les armoires de Fécamp, de Vire, du Val de Saire ou de Dieppe témoignent de la diversité régionale.
Dans un coin, un coffre normand garde les secrets d’autrefois, tandis que buffets et bonnetières veillent sur la vaisselle et coiffes des jours de fête.
Petite, il m’arrivait de glisser un dessin ou un caillou précieux dans le vieux coffre de la maison. Ma grand-mère souriait, persuadée que ces coffres étaient des boîtes à souvenirs, et qu’un jour, quelqu’un découvrirait mes petits trésors d’enfant.

Céramiques, faïences et porcelaines : l’art du feu
Sur la table, une assiette en faïence de Rouen capte la lumière. La main se souvient de la douceur d’une porcelaine de Bayeux, de la rareté des porcelaines de Valognes et Caen, de la chaleur des poteries du Cotentin ou du Pré d’Auge.
Un jour, alors que j’aidais à dresser la table pour Noël, j’ai failli ébrécher un plat en faïence. Ma mère m’a raconté que ce plat avait survécu à la guerre, caché dans un grenier. Depuis, je regarde chaque pièce avec un respect nouveau, conscient de la fragilité et de la force de ces objets.
Verreries, vitraux et textiles : la lumière et la matière
Dans la lumière du matin, le reflet d’une verrerie de la vallée de la Bresle danse sur la nappe. Parfois, c’est un vitrail de Decorchemont ou un vitrail normand qui colore les souvenirs.
Je revois encore la robe cousue dans une toile d’Hambye, transmise de génération en génération. Elle avait une odeur de lavande et portait, cousu à l’intérieur, un petit ruban bleu que ma grand-mère disait « porte-bonheur ».
Bijoux, dentelles et arts populaires
Un bijou oublié dans une boîte, c’est la Normandie qui scintille : bijoux traditionnels, ivoires de Dieppe, dentelles fines, coiffes brodées de patience et de rêves.
Enfant, je passais des heures à essayer les coiffes et dentelles de mon arrière-grand-mère devant le miroir. Elle me racontait comment, autrefois, chaque village avait son motif, et que les dentellières rivalisaient d’inventivité lors des fêtes.

Les arts du métal et la sculpture
Dans l’atelier, le métal prend vie : orfèvrerie, dinanderie, étains et métaux usuels témoignent de la créativité des mains normandes.
Un voisin, ancien dinandier, me montrait parfois ses outils et me laissait marteler une chute de cuivre. Il disait que chaque coup de marteau était un mot dans le langage secret des artisans.
On y croise aussi les sculpteurs virois ou le talent singulier de Graillon, sculpteur dieppois.
Villages et ateliers, berceaux de traditions
Il suffit parfois d’un nom de village pour que l’histoire s’éveille : Sauxemesnil, Vindefontaine, Nehou, Ger, Noron, Martincamp, Forges-les-Eaux…
À Martincamp, j’ai assisté un jour à une fête de village où l’on montrait les vieux outils et les poteries locales. Les enfants couraient entre les stands, et un ancien racontait comment, autrefois, chaque famille avait son potier préféré.

Saveurs et gestes : l’art des boissons normandes
Et puis, il y a le goût de la Normandie : un verre de cidre, l’arôme d’un pressoir, la tradition de l’hydromel partagée lors des grandes tablées.
Lors des ramassages de pommes, j’adorais tourner la manivelle du vieux pressoir familial. Le parfum sucré du jus frais envahissait la cour, et chacun avait son tour pour goûter la première goutte, comme un rite de passage.
Les gestes de la fabrication du cidre se transmettent, tout comme l’histoire des pressoirs normands.
Approfondir la découverte
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Une histoire à transmettre
À chaque génération, la mémoire se transmet, non pas comme un livre que l’on referme, mais comme une histoire que l’on continue d’écrire, ensemble, au fil des découvertes et des émerveillements.

Auteur : Claude VILARS Expert - Conférencier
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